هل يجوز، في بعض الأحيان،لحظة بناء درس فلسفي تفسير Expliquer نص فلسفي في لسانه الأصلي؟

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هل يجوزلحظة بناء درس فلسفي، في بعض الأحيان، تفسير Expliquer نص فلسفي ، في لسانه الأصلي،وخاصة الفرنسي والأنجليزي، احتراما لبنيته المفاهيمية والحجاجية كنص وظيفي مساعد ضمن الإشكال المفكّر فيه، وبالتالي إتاحة الفرصة للمتعلمين مواجهة اللسان الفلسفي كما أنتجه الفيلسوف،ولو من باب الإستئناس وخاصة الفلاسفة الذين لم يتم إنصاف مواقفهم من خلال التقطيع السيء لنصوصهم المقررة ؟


Le regard d'autrui et la honte
<< (...) La honte dans sa structure première est honte devant quelqu'un. Je viens de faire un geste maladroit ou vulgaire : ce geste colle à moi, je ne le juge ni ne le blâme, je le vis simplement (...). Mais voici tout à coup que je lève la tête : quelqu'un était là et m'a vu. Je réalise tout de suite la vulgarité de mon geste et j'ai honte. (...) J'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui. Et, par l'apparition même d'autrui, je suis mis en demeure de porter un jugement sur moi-même comme sur un objet, car c'est comme un objet que j'apparais à autrui. Mais pourtant cet objet apparu à autrui, ce n'est pas une vaine image dans l'esprit d'un autre. Cette image en effet serait entièrement imputable à autrui et ne saurait me "toucher". Je pourrais ressentir de l'agacement, de la colère en face d'elle comme devant un mauvais portrait de moi, qui me prête une laideur ou une bassesse d'expression que je n'ai pas ; mais je ne saurais être atteint jusqu'aux moelles : la honte est, par nature, reconnaissance. Je reconnais que je suis comme autrui me voit.>>
SARTRE, L'Etre et le Néant, 3e partie, I, 1, Gallimard, pp. 265-266.


  L'intersubjectivité
<<Ainsi, l'homme qui s'atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu'il ne peut rien être (au sens où on dit qu'on est spirituel, ou qu'on est méchant, ou qu'on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l'autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, et qui ne veut que pour ou contre moi. Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l'intersubjectivité, et c'est dans ce monde que l'homme décide ce qu'il est et ce que sont les autres>>.

Sartre, L'existentialisme est un humanisme.



problème de l'existence d'autrui
A l 'origine du problème de l'existence d'autrui, il y a une présupposition fondamentale: autrui , en effet, c'est l'autre, c'est-ଠdire le moi qui n 'est pas moi ; nous saisissons donc ici une négation comme structure constitutive de l'être-autrui.La présupposition commune à l'idéalisme et au réalisme, c'est que la négation constituante est négation d'extériorité. Autrui, c'est celui qui n'est pas moi et que je ne suis pas. Ce ne-pas indique un néant comme élément de séparation donné entre autrui et moi-même. Entre autrui et moi -même il y a un néant de séparation. Ce néant ne tire pas son origine de moi-même, ni d'autrui, ni d'une relation réciproque d'autrui et de moi-même ; mais i l est, au contraire, originellement le fondement de toute relation entre autrui et moi, comme absence première de relation . C'est que , en effet, autrui m'apparaît empiriquement à l'occasion de la perception d'un corps et ce corps est un en-soi extérieur à mon corps ; le type de relation qui unit et sépare ces deux corps est la relation spatiale comme le rapport des choses qui n'ont pas de rapport entre elles, comme l'extériorité pure en tant qu'elle est donnée. Le réaliste qui croit saisir autrui à travers son corps estime donc qu'il est séparé d 'autrui comme un corps d'un autre corps, ce qui signifie que le sens ontologique de la négation contenue dans le jugement : Je ne suis pas Paul est du même type que celui de la négation contenue dans le jugement : La table n'est pas la chaise. » Ainsi la séparation des consciences étant imputable aux corps, i l y a comme un espace originel entre les consciences diverses, c'est-à-dire, précisément, un néant donné, une distance absolue et passivement subie. L'idéalisme, certes, réduit mon corps et le corps d 'autrui à des systèmes objectifs de représentation. Mon corps, pour Schopenhauer n'est rien d'autre que « l'objet immédiat ».
Cette présupposition entraîne une grave conséquence: si, en effet, je dois être par rapport à autrui sur le mode de l'extériorité d'indifférence, je ne saurais pas plus être affecté en mon être par le surgissement ou l'abolition d'autrui qu'un en-soi par l'apparition ou la disparition d'un autre en-soi. Par suite, du moment qu'autrui ne peut agir sur mon être par son être, la seule façon dont il peut se révéler à moi, c'est d'apparaître comme objet à ma connaissance. Mais il faut entendre par là que je dois constituer autrui comme l'unification que ma spontanéité impose à une diversité d'impressions, c'est-à-dire que je suis celui qui constitue autrui dans le champ de son expérience, Autrui ne saurait donc être pour moi qu'une image, même si, par ailleurs, toute la théorie de la connaissance que j'ai édifiée vise à repousser cette notion d'image ; et seul un témoin qui serait extérieur à la fois à moi-même et à autrui pourrait comparer l'image au modèle et décider si elle est vraie.
L’être et le Néant. Essai d’ontologie phénoménologique. Tel Gallimard.1943
Chapitre 1.L’existence d’autrui 269.270..




Merleau-Ponty - Autrui et l'expérience du dialogue

 Dans l’expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu’un seul tissu, mes propos et ceux de mon interlocuteur sont appelés par l’état de la discussion, ils s’insèrent dans une opération commune dont aucun de nous n’est le créateur. Il y a là un être à deux, et autrui n’est plus ici pour moi un simple comportement dans mon champ transcendantal, ni d’ailleurs moi dans le sien, nous sommes l’un pour l’autre collaborateurs dans une réciprocité parfaite, nos perspectives glissent l’une dans l’autre, nous coexistons à travers un même monde. Dans le dialogue présent, je suis libéré de moi-même, les pensées d’autrui sont bien des pensées siennes, ce n’est pas moi qui les forme, bien que je les saisisse aussitôt nées ou que je les devance, et même, l’objection que me fait l’interlocuteur m’arrache des pensées que je ne savais pas posséder, de sorte que si je lui prête des pensées, il me fait penser en retour. C’est seulement après coup, quand je me suis retiré du dialogue, et m’en souviens, que je puis le réintégrer à ma vie, en faire un épisode de mon histoire privée, et qu’autrui rentre dans son absence, ou, dans la mesure où il me reste présent, est senti comme une menace pour moi.
Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Gallimard, 1945, p. 407.

De la Recherche de la Vérité

Il est assez difficile de comprendre, comment il se peut faire que des gens qui ont de l'esprit, aiment mieux se servir de l'esprit des autres dans la recherche de la vérité, que de celui que Dieu leur a donné. Il y a sans doute infiniment plus de plaisir et plus d'honneur à se conduire par ses propres yeux, que par ceux des autres ; et un homme qui a de bons yeux ne s'avisa jamais de se les fermer, ou de se les arracher, dans l'espérance d'avoir un conducteur. Sapientis oculi in capite ejus, stultus in tenebris ambula(1). Pourquoi le fou marche-t-il dans les ténèbres ? C'est qu'il ne voit que par les yeux d'autrui, et que ne voir que de cette manière, à proprement parler, c'est ne rien voir. L'usage de l'esprit est à l'usage des yeux, ce que l'esprit est aux yeux ; et de même que l'esprit est infiniment au-dessus des yeux, l'usage de l'esprit est accompagné de satisfactions bien plus solides, et qui le contentent bien autrement que la lumière et les couleurs ne contentent la vue. Les hommes toutefois se servent toujours de leurs yeux pour se conduire, et ils ne se servent presque jamais de leur esprit pour découvrir la vérité.
Malebranche, De la Recherche de la Vérité






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مدرس مادة الفلسفة مُتقاعد .

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